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Sade - Bourreau ou Victime

Marquis de Sade

Donatien Alphonse François, marquis de Sade

"Apprends, Juliette, qu'il est de la politique de tous ceux qui mènent un gouvernement d'entretenir dans les citoyens le plus extrême degré de corruption...

Tant que le sujet se gangrène et s'affaibli dans les délices de la débauche, il ne sent pas le poids de ses fers, et on peut l'accabler sans qu'il s'en doute...

Beaucoup de spectacles, un grand luxe, une immensité de cabarets, des bordels, une amnistie générale pur tous les crimes de débauche...

O vous qui voulez régner, redoutez la vertu de vos empires, le réveil de l'homme libre sera cruel pour les despotes, et quand les vins n'amuseront plus son loisir, il voudra dominer comme vous !" (D.A.F. de Sade).

« Femme entre toutes les femmes, déchirant définitivement l’hymen de la pauvre Marie, Juliette aura écrasé sous ses pieds si légers « l’infini servage de la femme » (Rimbaud).

La lecture des ses oeuvres ne choque plus grand monde, mais il reste au-delà des écrits une personnalité hors du commun, un homme dont le nom se prononce comme celui d'un héros légendaire victime de l'hypocrisie d'une société aristocratique qui ne voulait pas voir ses propres débauches s'étaler à la face du monde, dans son ouvrage intitulé "Les Cent Vingt Journées de Sodome", il répertorie 600 perversions, énumérées comme un long travail d'observation.

Le XVIIIème est le siècle de la volupté, mais aussi de la cruauté, Répression des classes dans toutes sa violence médiévale, mais aussi cruauté plus raffinée, que l’on tend à associer au plaisir de faire souffrir ou de voir souffrir…

« Brusquement, en quelques années, surgit une peur. Peur qui se formule en terme médicaux, mais qui est animée au fond par tout un mythe moral. On s’effraye d’un mal assez mystérieux qui se répandrait, dit-on, à partir des maisons d’internement et menacerait bientôt les villes. On parle de fièvres des prisons : on invoque ces charrettes de condamnés, ces hommes à la chaîne qui traversent les villes, laissant derrière eux un sillage de mal : on prête au scorbut d’imaginaires contagions, on prévoit que l’air vicié par le mal va corrompre les quartiers d’habitation. Et la grande image de l’horreur médiévale s’impose à nouveau, faisant naître, dans les métaphores de l’épouvante, une seconde panique » (Histoire de la Folie, par Michel Foucault).

Au siècle de la Raison triomphante, l’irrationalisme se porte bien. Ne prenons comme exemple que les « convulsionnaire », qui se laissent aller à des scènes d’hystérie collective au cimetière Saint-Médard sur la tombe du janséniste Pâris, aux « mages » et charlatans. On voit naître et se ramifier en tous sens les thèmes d’un mal, physique et moral, les dogmes et les idées reçues sont remises en question.

Tout au long de ce siècle, on retrouve, comme le dit Freud, une manifestation collective du « Thanatos », notamment à l’occasion des exécutions publiques qui n’étaient en fait que des spectacles de grande barbarie. Un compte rendu de supplice raconte que : « Le supplice public d’un condamné constituait, surtout pour les dames, un aliment incomparable pour exciter leur imagination et leurs sens. Quelques dames de la Cour s’étaient faites conduire en place de Grève pour assister à l’exécution… ».. Quoi de plus normal que cette vieille société gothique libère quand elle le peut ses pulsions morbides.

La police avait alors l'habitude de camoufler tout le "libertinage"habituel des nobles. Les prostituées étaient quelques fois si mal en point qu'elles n'avaient même plus la force de porter plainte. Elles savaient par ailleurs que leurs accusations n'étaient d'aucune portée. Le pouvoir royal exerçait une pression telle sur la police des moeurs que le libertinage était loin d'être une "philosophie" de la vie, mais bien le propre des riches, flageller dans la dentelle et fesser était de bon ton. Aucun crime ne peut être reproché à celui qui a passé plus de la moitié de sa vie en prison, si ce n'est celui d'avoir osé retranscrire ce qui était courant à cette époque à la Cour, de plus il était athé à une époque où cela était considéré presque comme un crime.

« Il est le prétexte sacrifié à une morale qui se repaît de massacre et savoure les tueries. Aucun régime ne l’a épargné. Le Consulat le mène à son apothéose. En 1797, Sade publie La Nouvelle Justine ou les malheurs de la vertu et Juliette où les propriétés du Vice. Sade socialise les fantasmes alors que des torrents de sang irriguent l’Europe et que la barbarie se généralise. Bonaparte, qui s’était essayé au roman entaché de mièvrerie, condamne Sade à la réclusion à vie. Sade change de cachot pour cause de littérature ».



Justine ou les Malheurs de la vertu, édition originale de 1791

Mais, Sade est aussi un sadique et un pervers, le plaisir, la souffrance et la destruction se confondent dans l’œuvre de Sade, pour réaliser ses fantasmes, il s'est servi de partenaires consentants, demandeurs, mais aussi, de partenaires contraints et forcés, là il se métamorphosa en monstre, si le demandeur goûte douleur et plaisir, le forcé subit atrocité et horreur, c'est cette faute qui à notre époque peut être considérée comme un crime, alors qu'elle ne l'était pas au XVIIIème.

Parler du Marquis équivaut à parler du sadisme et du masochisme, le point commun entre ses deux tendances, l'algolanie.

Sado-masochisme, un mot qui désigne deux tendances qui vont si bien ensemble.

Sade est à l'origine du mot sadique, maso, quant à lui, nous a été donné suite aux écrits d'un chevalier autrichien nommé Léopold Sacher-Masoch, Alors qu'il était très jeune, Léopold, fut témoin d'une scène de violence entre sa tante et son oncle qui surprit son épouse en plein adultère, l'oncle la fouetta, Léopold emporta avec lui les images de belles rondeurs que l'on martyrisait avec violence. Quand il se mit à écrire, il fit sacerdoce de l'érotisme avec le beau rôle distribué aux femmes qui toutes dominaient les hommes. Il prit alors l'habitude se de faire copieusement fouetter par des créatures bottées et charnues.

Sacher Masoch

Leopold von Sacher-Masoch

Le sexologue Krafft-Ebing étudia ce comportement qui consiste pour l’individu à ne connaître l’excitation sexuelle et à ne parvenir à la jouissance que si on lui fait subir des souffrances physiques, sévices ou flagellations ou morales telles l’humiliation et les insultes décida de nommer cette tendance masochisme. Des études psychiatriques associe cette tendance à une culpabilité névrotique entraînant des conduites d’autopunition, le sujet se faisant souffrir physiquement ou moralement pour obtenir le pardon d’un surmoi particulièrement sévère et pour prévenir ainsi l’angoisse liée à un plaisir sexuel interdit.

Comme pour Sacher-Masoch, le nom du Marquis va découler sur une autre tendance qui n’est autre que le sadisme.

Ses œuvres décrivaient exactement toutes les perversions sexuelles ou sexopathies, elles décrivent exactement l’excitation érotique et le plaisir sexuel provoqués par le spectacle de la douleur éprouvée par le partenaire sur lequel sont exercés des sévices. On remarque également le plaisir moral qui consiste à asservir et à dominer les autres. Mais, le Marquis de Sade n’était pas toujours que sadique, il était sado-masochiste, cette tendance se réunit les deux autres, car le sujet a besoin dans ce cas précis de faire souffrir et de rechercher sa propre souffrance.

L’agressivité s’exerce à la fois contre autrui et contre soi….comme il est dit en psychanalyse : «… la bipolarité de la vie pulsionnelle qui caractérise tout être humain et qui se rattache à l'opposition fondamentale de l'activité et de la passivité ». Après cette analyse du contexte historique et de la définition des tendances du Marquis de Sade, plongeons-nous au cœur de sa vie. Dans la campagne qui borde la capitale, sous la protection des armes familiales, un aigle impériale à deux têtes, la jeune Comtesse de Sade, donne le jour le 2 juin 1740 à celui qui devint le "Divin Marquis", Donatien Alphonse François de Sade. Cet enfant de petite taille, blond dont le visage aux beaux yeux bleus, est éveillé pour son âge, dès son enfance il souffre de peu de présence de son père qui pourtant est un personnage imbu de sa personne, l'égoïsme de sa mère renforcera le caractère de celui qui associera le plaisir à la souffrance.

Séparé de sa mère à 4 ans, il passera des mains de sa grand-mère et, c'est à Avignon que cinq tantes, dont 2 religieuses et une abbesse s'occupent du petit jusqu'à l'âge de 6 ans, il sera alors prit en charge par l'Abbé Sade d'Ebreuil qui fera prospérer la famille, mais sera victime d'un scandale, le jour où il fut incarcéré en prison pour quelques heures après avoir été pris dans une maison close.

C'est donc au château de Saumane et dans le monastère de Saint-Léger que le jeune marquis continue son éducation, quarante-cinq ans après son quotidien avec les Bénédictins, il décrira ceux-ci sans retenue dans Justine. Il passera sa jeunesse entre plusieurs demeures et l'internat, partout on le remarqua grâce à son intelligence hors-norme.

Ses titres de noblesse lui permettent de rentrer à l'École Préparatoire de cavalerie des Chevaux-Légers de la Garde du Roi, après la guerre de Sept Ans, âgé de 23 ans on le retrouve Officier. De mœurs libertins, il fréquente alors des actrices, des prostituées, ce qui déplaît fortement à son père ployant sous le poids d'ennuis financiers. Celui-ci ne voit alors qu'une solution, le mariage. Le marquis entame une liaison avec Melle Laure de Lauris, châtelaine de Vacqueyras, qu'il quittera pour se marier avec Renée-Pélagie de Montreuil. Débauche du jeune marié avec Jeanne Testard.

Sade est enfermé à Vincennes du 29 octobre au 30 novembre. Puis il est assigné à résidence au château d'Echauffour, chez ses beaux-parents. En 1764, le marquis a obtenu la révocation de son assignation à résidence. Liaison avec Melle Colet.

Il succède à son père comme lieutenant général aux provinces de Bresse, Bugey, Valmorey et Gex. En 1765, il part en voyage à la Coste , avec la Beauvoisin qu'il fait passer pour sa femme. Mlle de Beauvoisin, beauté fort répandue et très onéreuse, retient l'attention du Marquis. Dans le courant de l'été, il l'emmène à La Coste, la faisant passer pour une parente de sa femme. Le 21 août, il signe devant notaire un contrat par lequel il s'engage à lui verser une rente perpétuelle de 500 livres en échange d'une somme de 10 000 livres provenant de la vente de bijoux. Rien, toutefois, ne prouve que cette rente ait jamais été payée...



Le château familial de La Coste

Cette même année, il courtise une certaine demoiselle de C... rencontrée dans les salons parisiens et mentionne dans l'une de ses lettres son regret de n'avoir pu l'épouser. En janvier 1766, délaissant la Beauvoisin, Sade s'éprend, pour 10 louis par mois d'une 'grande fille aimable', la Dorville, sortie du Sérail de la Hecquet, autre macquerelle bien connue. Il multiplie les havres amoureux, comme en font foi les contrats de location et papiers officiels. En septembre, un rapport de police de l'officieux Marais nous informe que Sade a quitté sans espoir de retour 'la petite Leroy', danseuse figurante à l'Académie Royale de Musique. Ce lieu sera d'ailleurs pour lui, et pour nombre de ses contemporains, un terrain de chasse recherché. Le 24 janvier 1767, son père le Comte de Sade décède, Donatien hérite des seigneuries de La Coste, Mazan et Saumane, ainsi que de dettes importantes. En avril : Le marquis se rend à Lyon pour saluer la Beauvoisin et s'apprête à réintégrer l'armée. Il est nommé capitaine au régiment du mestre de cavalerie. C’est le 27 août de la même année que son premier fils voit le jour, :il l’appellera Louis-Marie, comte de Sade. La renommée du marquis continue de grandir et retient toujours l'attention du Marais qui prophétise qu' « on ne tardera pas à entendre encore parler des horreurs de M. le comte de Sade ». Toujours selon l'inspecteur, il fait vainement la cour à Mlle Rivière, danseuse à l'Opéra qui refuse l'avantage de connaître sa petite maison d'Arcueil et les 25 Louis d'argent de poche mensuels qu'il lui propose. Le 3 avril 1768, débute une cruelle affaire, celle de Rose Keller. Ce jour-là, il remarque place des Victoires, demandant l'aumône, une femme dont les charmes vont le mener pour la première fois devant les tribunaux. Moyennant un écu, elle consent à venir faire le ménage dans la 'petite maison' du marquis. Veuve, âgée de trente-six ans, fileuse de coton au chômage depuis un mois, elle se laisse convaincre. Rose Keller monte bientôt en fiacre, et, tous rideaux fermés, roule vers Arcueil, en compagnie du marquis silencieux. Arrivée, Sade l'enferme dans une pièce. Deux autres filles sont déjà enfermées dans la maison, mais Rose ne saura rien de leur présence. Un peu plus tard, le marquis lui ordonne de se déshabiller. Une fois nue, il l'allonge sur le canapé et la flagelle. Repu, il l'enferme de nouveau avec de la nourriture, lui promettant de la délivrer le soir même. Rose Keller n'attendra pas jusque-là: elle se sauve par la fenêtre, échappant de justesse au valet du marquis, Langlois, qui lui propose inutilement une bourse rebondie. Madame de Sade, avertie, tente d'éviter le scandale. Elle envoie l'abbé Amblet et le procureur Sohier auprès de Rose Keller qui consent, après marchandage, à se désister, moyennant 2 400 livres.

Le 8 avril, malgré le désistement de Rose Keller, Sade est conduit, sur ordre du roi, en 'résidence surveillée' au château de Saumur. Il y restera 18 jours. Pendant ce temps, la chambre criminelle de la Tournelle instruit le procès. La famille du marquis fait agir ses relations afin d'étouffer l'affaire.

Le 30 avril, Sade est transféré à la forteresse de Pierre-Encise, près de Lyon; il y restera un mois, le 2 juin on le transfère à la Conciergerie, et c’est le 10 juin que le marquis comparait devant la Grand Chambre, seule habilité à connaître les lettres d'abolition dont il jouit depuis novembre 1763.

Il est condamné à une amende de cent livres. Après quoi on le reconduit à Pierre-Encise. Il ne sera libéré, sur ordre du roi, qu'en novembre. Jusqu'en mai 1769, il restera à La Coste.

Le 27 juin 1769, c’est à Paris que son second fils, Donatien- Claude-Armand voit le jour.

En 1770, Sade reprend du service à Compiègne, en qualité de capitaine-commandant au régiment de Bourgogne. Il partira pour les Pays-Bas du 23 septembre au 23 octobre, il en rapporte un 'Voyage de Hollande, en forme de lettres, fait en 1769'. Le 13 mars 1771, il est nommé mestre de camp de cavalerie. Le 17 avril de la même année, naissance, à Paris, de sa fille Madeleine-Laure En août, Sade est emprisonné pour dettes jusqu’en septembre, à ce moment, il part pour La Coste en compagnie de sa femme et de la sœur de celle-ci, Mlle de Launay, chanoinesse.

Le premier semestre de 1772, il vit en alternance dans ses châteaux de La Coste et de Mazan, Sade organise ce qui deviendra le premier festival de théâtre en France. Il y interprète au cotés d’acteurs professionnel, des pièces à la mode de l’époque. Mi-juin : Ses difficultés d'argent s'aggravant, il part pour Marseille en compagnie de son valet Latour afin de toucher une lettre de crédit. Jusqu'au 25 juin, on n'entend peu parler de lui, mais on sait qu'il s'est rendu plusieurs fois chez une jeune lyonnaise de dix-neuf ans, Jeanne Nicou.

25 juin : Affaire des quatre filles de Marseille. Sade se livre à une partie avec des prostituées et son valet. Chacune à son tour et tour à tour, les filles sont flagellées et flagellatrices, et possédées tantôt par Latour, tantôt par son maître. Par la suite, outre divers sévices dont elles se plaindront avoir été les victimes, elles déclareront que le marquis a voulu les sodomiser, ajoutant qu'elles s'y sont refusées.

Au XVIIIe siècle, la sodomie, active ou passive, pouvait entraîner la peine de mort... Le même jour, les quatre filles ayant refusé de prendre part à une promenade en mer avec le marquis, Latour s'en va quérir une nouvelle proie. Comme celles qui l'ont précédée, elle absorbe en quantité des bonbons d'anis à la cantharide. Cette substance était utilisée comme aphrodisiaque et largement utilisée depuis que le maréchal de Richelieu en avait lancé la mode. (La cantharide : cette mouche espagnole, une fois réduite en poudre, congestionne les parties génitales et peut déclencher une forte érection par la présence d'un composé, la cantharidine, que l'on retrouve aussi dans les cuisses de grenouille ! Elle valut au marquis de Sade d'être mis en prison pour avoir empoisonné quelques personnes avec de fameux chocolats fourrés ! Quant à Richelieu, il s'en délectait tant qu'il fit fabriquer en France les "bonbons à la cantharide de Richelieu" ! Dans les faits, c'est un toxique puissant qui peut provoquer un priapisme (érection prolongée et douloureuse), voire une hémorragie rénale.).

Le 30 juin, les filles, qui se croient empoisonnées par les anis cantharides du marquis, déposent plainte devant le lieutenant criminel. Un décret de prise est lancé contre Sade, coupable de tentative d'empoisonnement et de sodomie. La police perquisitionne au château de La Coste. Les accusés se sont enfuis. Mme de Sade reste seule, sa sœur, la chanoinesse ayant suivi dans sa fuite le marquis dont elle est la maîtresse, probablement depuis l'année précédente. Le procureur du roi à Marseille prononce la sentence le 3 septembre : le marquis et son valet sont condamnés, après avoir fait amende honorable devant la cathédrale, l'un à avoir la tête tranchée, l'autre à être pendu et étranglé, leurs corps devant être brûlés et les cendres jetées au vent. Les effigies de Sade et Latour sont brûlés en sur la place des Prêcheurs à Aix en Provence.

Le 2 octobre , mademoiselle de Launay revient près de madame de Sade, après avoir parcouru l'Italie en compagnie de son beau-frère qui la fait passer pour sa femme. Peu après, Mlle de Launay part à nouveau pour rejoindre le marquis à Chambéry, où celui-ci arrive le 27 octobre. Le 5 décembre sur les instances du duc d'Aiguillon, sollicité par Mme de Montreuil, Sade est arrêté et conduit au fort de Miolans. Le 30 avril 1773, avec la complicité de Mme de Sade, le marquis parvient à s'évader du fort, en compagnie de son valet et d'un autre détenu, le baron de l'Allée de Songy. Il se cache aux environs de la Coste, quelques mois plus tard, Madame de Sade part pour Paris où elle essaie de faire casser le jugement rendu contre son mari, mais en avril 1775, Sade fait de nouveau parler de lui. On l'accuse d'avoir enlevé plusieurs jeunes filles. La présidente de Montreuil tente, grâce à ses relations, de faire étouffer l'affaire.

Le 11 mai, Anne Sablonnière, dite Nanon, servante à La Coste, accouche d'une petite fille qui ne vivra que trois mois. A la suite d'une querelle avec la marquise, elle menace de révéler la paternité de Sade. On évite un niveau scandale en la faisant enfermer dans une maison de force d'Arles. on retrouve Sade à Naples pour quelques mois. Fin de l’année, le père d'une cuisinière de La Coste, Catherine treillet, appelée aussi Justine, vient faire scandale au château, voulant ôter sa fille de cet entourage qu'il croit perverti. Le marquis tente de le calmer et décide de ne lui rendre sa fille que lorsqu'il aura trouvé une remplaçante. Treillet, furieux, tire alors sur le marquis un coup de pistolet. La balle l'effleure sans le blesser. La Comtesse de Sade, mère du marquis décède le 14 janvier 1777, et c’est le 13 février, que Sade, toujours recherché par la justice, est arrêté par l'inspecteur Marais dans la chambre de sa femme, et conduit à Vincennes.

Le 27 mai, le roi accorde au marquis des lettres 'd'ester a droit' qui lui permettent de se pourvoir contre l'arrêt du parlement de Provence. Le marquis est transféré en juin à Aix par ordre du roi et remis aux gardes de la prison.

Le parlement d'Aix casse le jugement du parlement de Marseille: le marquis est blanchi des accusations portées contre lui, mais en vertu de la lettre de cachet qui l'a envoyé à Vincennes, il est tenu de réintégrer la prison. En mars 1782, Madame de Sade obtient du roi le transfert de son mari au fort de Montélimar. Le marquis refuse cette nouvelle geôle et ne veut pas non plus entendre parler du fort de Crest, qu'on lui propose. Sade termine en juin une comédie: L'inconstant.

Première entrevue de Mme de Sade et du marquis, le 13 juillet. Le prisonnier fait une scène de jalousie à propos d'un homme : Lefévre. Au cours des mois suivant, la jalousie du marquis ne fait qu'empirer: il déclare vouloir tuer sa femme, si elle se présente dans sa prison, et affirme qu'elle est enceinte. Découragée, Mme de Sade s'installe au couvent de Sainte-Aure.

En juillet 1782, Sade termine le cahier qui contient «'La pensée inédite' et le 'Dialogue entre un prêtre et un moribond'. Il commence la rédaction des 'Cent vingt journées de Sodome'.

En mars 1783, Sade termine « Le prédicateur, et le Mari Crédule », Sade est transféré à la Bastille en 1784.

Le 22 octobre 1785, Sade achève la mise au net des Cent vingt journées de Sodome. Le manuscrit est un rouleau de papier de vingt mètres environ. Le marquis souffre de la goutte. Il commence à rédiger Aline et Valcour en 1786, quelques mois après en 1787, il termine « Les Infortunes de la Vertu », écrit en seize jours.

Le 7 mars 1788, il achève sa nouvelle Eugénie de Franval, dès le premier octobre, il rédige le catalogue raisonné de ses ouvrages à la suite du manuscrit de ses contes.

En juillet 1789, Sade crie par la fenêtre de sa prison qu'on est en train d'égorger les détenus de la Bastille et qu'il faut venir les délivrer. A la suite de cette démonstration, on le transfère à Charenton. Il ne peut emporter aucun de ses livres et de ses manuscrits. Les cent vingt journées de Sodome ne seront retrouvées qu'au début du XX siècle.

A la prise de la Bastille. Les papiers de Sade sont dispersés.

L'Assemblée Nationale abolit les Lettres de cachet : Sade est libéré le 2 avril 1790. Mais sa femme, toujours au couvent de Sainte-Aure, refuse de le recevoir et le 9 juin, Madame de Sade obtient du Châtelet de Paris la séparation de corps et de biens entre elle et son mari. Le marquis ayant épuisé toute sa dot, elle n'a d'ailleurs plus grand chose à perdre.

Sade est en relation avec l'acteur Boutet de Montvel. Il lit aux Comédiens-Français sa comédie: « Le mari crédule. ». Sade se fait délivrer une carte de citoyen actif de la section de la place Vendôme le 1er juillet En août, le Théâtre-Italien reçoit « le Suborneur »

Et c’est le 25 août que le Marquis commence une relation avec Marie-Constance Renel, dite Sensible, comédienne, épouse séparée de Balthasar Quesnet. La liaison durera jusqu'à sa mort.

En septembre la Comedie-Française reçoit à l'unanimité Sophie et Desfrancs ou le Misanthrope par amour. Publication de « Justine ou les malheurs de la vertu. » en 1791.

Sade compose l'Adresse d'un citoyen de Paris au roi des Français , après la fuite de Varennes. Dans ses lettres aux « brigands», datées de juillet, il dénonce les révolutionnaires de Mazan. L'un de ses fils émigre. Le 22 octobre, représentation au théâtre Molière d'un drame en trois actes, composé à la Bastille : Oxtien ou les malheurs du libertinage. A la fin de la représentation le public réclame l'auteur sur scène.

Le 17 octobre, malgré son dégoût pour les 'massacres' de Septembre, Sade accepte d'être nommé commissaire pour l'organisation de la cavalerie à la section des Picques de la place Vendôme.

Sade est nommé juré d'accusation, le 13 avril 1793.

En juin, Président de la section des Picques, il profite de cette position pour sauver les Montreuil de la Révolution. Refusant de mettre au vote « une horreur, une inhumanité », il abandonne son fauteuil de vice-président. Accusé de modérantisme , le marquis est sous mandat d'arrêt. Il est conduit aux Madelonnette dés le 5 décembre. Le 13 janvier 1794, il est transféré à la maison des Carmes, rue de Vaugirard, puis à Saint-Lazare. Malade, il est transféré à la maison de santé de Picpus. Condamné à mort en juillet, il échappe à la guillotine grâce à une erreur administrative et le 15 octobre, il est libéré.

En 1795, publication de « La Philosophie dans le boudoir», et d'« Aline et Valcour ». La presse l'accuse d'être l'auteur de « l'infâme roman Justine. ».

En 1797, publication de la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, suivie de l'histoire de Juliette, sa sœur.

Sade habite Versailles en 1799 et a de gros problèmes d'argent malgré la vente de son château de La Coste. En 1800, publication des « Crimes de l'amour. » Les ouvrages de Sade sont saisis chez son imprimeur le 6 mars 1801: on lui reproche son délire du vice. Il est arrêté chez son éditeur, Massé. Sade est à Sainte-Pélagie dès avril.

Il est transféré à la mi-avril à la maison de santé de Charenton (un asile de fou). Sade n'a pas quitté la prison depuis six ans. En 1807, il écrit « Les Journées de Florbelle ou la Nature dévoilée». Le manuscrit en est détruit. Sade organise des séances théâtrales à la maison de santé. Mort de Mme de Sade, le 7 juillet 1810.

En 1812 , Sade écrit « Adélaïde de Brunswick, princesse de Saxe.» Il rédige en 1813, « l'Histoire secrète d'Isabelle de Bavière. Publication de la Marquise de Gange».

C’est un homme obèse, asphyxié par sa graisse, qui vivra une dernière histoire d'amour avec une jeune fille de seize ans, elle l’accompagnera jusqu’à sa mort, le 2 décembre 1814.

Son testament stipule que « sa fosse une fois recouverte »doit être semée de glands, afin qu'un taillis y pousse et que les traces de sa " tombe disparaissent de dessus de la surface de la terre."

"Il ne peut pas se faire fouetter un chat dans toute la contrée, sans que l'on dise que c'est le Marquis de Sade." Mais, n’oublions pas que Sade c’est aussi « Juliette », deux mille ans d’histoires judéo-chrétienne racontée aux femmes qui pèsent encore aujourd’hui dans la mythologie quotidienne de chacune.

L’immaculée conception sourit amèrement, peu fière d’avoir été le lourd tribu de tant de soumissions. « Daigne le croire Sophie, ce dieu que tu admets n’est que le fruit de l’ignorance d’un côté et de la tyrannie de l’autre, quand le plus fort voulut enchaîner le plus faible, il lui persuada qu’un dieu sanctifiait les fers dont il l’accablait, et celui-ci abruti par sa misère crut tout ce que l’autre voulut.

Toutes les religions, suites fatales de cette première fable, doivent donc être dévouées au mépris comme elle, il n’en est pas une seule qui ne porte l’emblême de l’imposture… » (Les Infortunes de la Vertu).




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