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La Torture au Moyen Age

Il était affreux qu'on admît toutefois le recours à la torture pour extorquer des confessions aux sorcières. Plus affreux encore qu'on les y soumit à plusieurs reprises quand elles rétractaient leurs aveux et qu'on leur promît des remises de peine qu'on savait ne pas devoir tenir. Parmi les méthodes les plus usitées, citons : la chaise à clous, l'élongation, l'estrapade, les garrots, l'immersion, les fers brûlants, les rouleaux à épines, les tourniquets, les brodequins, le plomb fondu et l'eau bouillante.

La question préparatoire

On effrayait l'accusé en lui expliquant le maniement des différents instruments de torture, puis on fouettait et on le torturait avec des cordes serrées.

Question définitive ou Torture finale

Ici le sadisme et la variété se donnaient libre cours. On subdivisait parfois en ordinaire (estrapade) et extraordinaire (dislocation des membres). Tout cela sans exclure des tortures traditionnelles ( arrachage des chairs avec des pinces rougies).

Supplice de l'estrapade

Wilhelm Pressel, dans son livre "Hexen und Hexenmeister", imprimé à Stuttgart en 1860 nous livre le rapport du premier jour de torture, d'une femme accusée de sorcellerie à Prossneck (Allemagne), en 1629 :

Le bourreau lui lie les mains, lui coupe les cheveux et la place sur l'échelle. Il lui jette de l'alcool sur la tête et y met le feu pour brûler la chevelure jusqu'aux racines.
Il lui place des morceaux de soufre sous les bras et autour du cou, et les enflamme.
Il lui lie les mains derrière le dos et l'élève jusqu'au plafond.
Là, il la laisse suspendue pendant trois ou quatre heures jusqu'au petit déjeuner.
A son retour, il lui asperge le dos d'alcool et y met le feu.
Il lui attache de très lourds poids au corps et l'élève à nouveau. Après cela, il lui place le dos contre une planche hérissée de pointes acérées et la remonte une fois de plus jusqu'au plafond.
Il lui comprime alors les pouces et les gros orteils dans les vis et lui frappe les bras avec un bâton. Il la laisse ainsi suspendue pendant un quart d'heure jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse.
Puis il lui presse les mollets et les jambes à la vis.
Il la fouette ensuite avec un fouet conditionné pour la faire saigner.
A nouveau, il lui place pouce et gros orteils dans les vis, de six à treize heures, pendant qu'il va manger un peu avec les officiels de la cour. Le lendemain, ils reprirent mais sans pousser les choses aussi loin que le jour précédent ...

Mémoires de William Lithgow

Je fus mis tout nu et porté sur le chevalet (il s'agissait d'un chevalet vertical posé contre le mur) où l'on me suspendit avec deux petites cordes. Etant hissé à la hauteur voulue, mon bourreau tira mes jambes de chaque côté du chevalet, attacha une corde sur chacune de mes chevilles et tira les cordes ensuite vers le haut, obligeant mes genoux à toucher les deux planches jusqu'à ce qu'éclatent mes jarrets. Je fus ainsi pendu pendant plus d'une heure. Ensuite mon bourreau plaçant mon bras droit au dessus du gauche enroula sept fois de suite une corde autour des deux bras et se tenant sur le dos raidissant ses pieds contre mon ventre, tira de telle sorte les cordes qu'il me coupa les tendons des bras et mis mes os à nu si bien que je fus estropié pour le reste de mes jours.

Gravure Tortures multiples

Alors mes yeux commencèrent à sortir, ma bouche se mit à mousser et à écumer, et mes dents à remuer comme des baguettes de tambours. Mais en dépit de mes lèvres tremblantes, de mes soupirs, du sang jaillissant de mes bras, de mes tendons brisés, de mes jarrets et de mes genoux, ils continuèrent à frapper ma figure avec des gourdins pour arrêter mes cris de terreur. Ils me disaient sans cesse : Avoue, avoue, avoue à temps pour éviter d'horribles tourments Mais je ne pouvais que répondre: Je suis innocent, O Jésus ayez pitié de moi !

Alors mon corps tremblant fut porté sur un chevalet plat, ma tête pendante placée dans un trou circulaire, mon ventre en l'air, mes bras et pieds ligotés, car je devais endurer mes pires supplices. Ensuite des cordes furent passées sur le gras de mes jambes, le milieu de mes cuisses et de mes bras, et ces cordes furent attachées à mes chevilles. Je souffris sept tortures, chaque torture consistant en une torsion complète des chevilles. Alors le bourreau prit un pot plein d'eau dont le fond troué légèrement fut placé près de ma bouche.

Au début, je l'acceptai avec joie, car je souffrais d'une soif écorchante et n'avais rien bu depuis trois jours. Mais lorsque je vis qu'il essayait de me forcer à boire, je fermai les lèvres. Ensuite on m'écarta les dents avec une paire de pinces en fer. Bientôt mon ventre commença à grogner terriblement à la manière d'un tambour, je ressentis une peine suffocante avec ma tête penchée vers le sol, l'eau regorgeant dans ma gorge, étranglant et arrêtant ma respiration.

Je demeurai six heures sur ce chevalet et entre chaque application de la torture, on me questionnait pendant une demi heure, chaque demi heure me paraissant un enfer. Vers dix ce soir là, ils m'avaient infligé soixante tortures diverses et continuèrent encore une demi heure bien que mon corps fut couvert de sang, que je fusse percé de part en part, que mes os fussent broyés ou meurtris et en dépit de mes hurlements, de mes lèvres et du grincement de mes dents. Aucun homme, je le jure, ne pourrait concevoir les peines que j'ai endurées ni l'anxiété de mon esprit.

Quand ils m'arrachèrent du chevalet l'eau jaillit de ma bouche. Ils mirent des fers sur mes jambes brisées et je fus reconduit dans mon donjon. Chaque jour on me menaçait de tortures nouvelles si je refusais d'avouer. Le gouverneur ordonna que toute la vermine de la cellule soit balayée et placée sur mon corps nu ce que me fit souffrir mille morts. Mais le guichetier venait me voir en secret, enlevait la vermine et la brûlait en tas avec de l'huile, sans cela elle m'aurait entièrement mangé et dévoré.

La peste et erreur des sorciers, devins et invocateurs des démons revêt, en diverses provinces et régions, des formes nombreuses et variées en rapport avec les multiples inventions et les fausses et vaines imaginations de ces gens superstitieux qui prennent en considération les esprits d'erreur et les doctrines démoniaques.

Interrogatoire des sorciers, devins et invocateurs des démons.

Au sorcier, devin et invocateur des démons inculpé, on demandera la nature et le nombre des sortilèges, divinations ou invocations qu'il connaît, et qui les lui a enseignés. Item, on descendra dans les détails, prenant garde à la qualité et condition des personnes, car les interrogatoires ne doivent pas être les mêmes pour tous. Autre sera celui d'un homme, autre celui sera d'une femme.

On pourra poser à l'inculpé les questions suivantes :

Cliquez pour une image complète Un tribunal au XVe, l'interrogatoire - Dessin de H.Meyer salon de 1875.
Cliquez pour une image complète Epreuve de l'estrapade de Milles de Souvigny. Paris, 1541
Cliquez pour une image complète L'estrapade.
Cliquez pour une image complète Supplice d'Urbain Grandier. 1590, Bouère (Mayenne) - 18 avril 1634, Loudun).
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