Kosovo: l'OSCE publie un rapport sur les atrocités

VIENNE, 5 déc (AFP) - Enfants décapités, seins coupés, foetus mutilés: l'OSCE dresse la liste non exhaustive des horreurs de la guerre du Kosovo, dans un rapport sur les atteintes aux droits de l'homme qu'elle dévoile lundi à Pristina.

L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) souligne cependant que les atrocités serbes ne se sont généralisées qu'après le début de la campagne de bombardement de l'OTAN le 24 mars, contrairement à ce qu'affirmaient à l'époque nombre de capitales internationales.

Les principales victimes ont été les jeunes hommes en âge de se battre, les femmes et les enfants, selon ce rapport très attendu, fruit de neuf mois d'enquête et dont l'AFP s'est procuré une copie. Il est intitulé "Kosovo, choses vues et témoignages".

Dans ses conclusions, accompagnées de témoignages effroyables, l'OSCE note que "les meurtres, détentions arbitraires et tortures visaient particulièrement les jeunes Albanais du Kosovo en âge de combattre".

"Les femmes ont aussi fait l'objet de violences spécifiques", viols innombrables et destructions de foetus. Quant aux enfants, "nous avons la preuve affreuse qu'ils ont été visés par les meurtriers dans le but de terroriser et punir les adultes et leurs communautés", explique l'OSCE.

Parmi les milliers de témoignages publiés, figure celui d'une femme enceinte de quatre mois et demi, violée chez elle en février dernier par quatre Serbes dont deux militaires. "Ils m'ont violée de différentes façons et invité deux autres hommes qui gardaient la maison et la chambre des enfants à en faire autant", déclare-t-elle.

Après une tentative de fuite, "ils m'ont ligotée, se sont assis sur mes jambes et mon ventre et m'ont forcée à boire quelque chose que j'ai essayé de refuser", avant de perdre conscience.

"J'ai ressenti ensuite une terrible douleur dans l'estomac" et le lendemain "nous sommes allés chez le docteur qui m'a proposé un avortement parce que l'enfant dans mon ventre avait été complètement détruit".

Une autre femme à Vucak, portait un bébé dans ses bras lorsqu'un policer "en uniforme noir" lui demanda un jour de mars si "c'etait une fille ou un garçon" et si elle avait assez de lait pour le nourrir.

"C'est un garçon et j'ai assez de lait", a eu le temps de répondre la jeune femme avant que "l'homme "lui arrache le bébé, le jette à terre, déchire le vêtement de la femme et lui coupe un sein", lit-on dans le rapport.

"La juridiction du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) a été élargie au Kosovo et les personnes responsables de ce type de crimes seront soumises à la justice", assure en préface la magistrate Louise Harbour, ex-procureur du TPI.

Pour l'administrateur de l'ONU au Kosovo Bernard Kouchner, qui a également préfacé le rapport, "l'avenir du Kosovo réside dans ses enfants".

Mais ceux-ci ont payé un très lourd tribut. Publiant des témoignages sur des enfants décapités devant leurs parents, des bébés morts d'étouffement dans des trains de réfugiés bondés, d'autres morts de faim, l'OSCE juge que "parmi les aspects les plus atroces du conflit figurent les meurtres délibérés d'enfants par les forces armées".

En outre, beaucoup d'enfants qui n'ont pas été tués ont subi de graves atteintes aux droits de l'homme, dont des tortures et mauvais traitements", selon l'organisation européenne.

Extrêmement discrets, des dizaines d'enquêteurs ont recueilli ces témoignages au printemps dernier dans les camps d'Albanie et de Macédoine voisines du Kosovo.

Dès que l'entrée dans cette province a été possible, après les frappes de l'OTAN, ils sont allés vérifier sur le terrain et ont complété un travail similaire effectué cet hiver par la mission de vérification de l'OSCE (KVM).

Au total, "90% des Albanais du Kosovo ont été déplacés par le conflit, soit plus de 1,45 million de personnes", a calculé l'OSCE.

Désormais, "le désir de revanche dans toutes les régions du Kosovo" fait des Serbes du Kosovo les victimes de la grande majorité des violations des droits de l'homme, poursuit l'OSCE, rappelant que 600 Serbes vivent aujourd'hui à Pristina, chef-lieu du Kosovo, contre 21.000 avant le conflit.

Dernier exemple en date, un universitaire serbe a été abattu la semaine dernière par un groupe d'Albanais lors de festivités. Sa femme et sa fille ont été battues, et des pétards allumés placés dans leurs bouches, selon l'ONU.

Sources Yahoo








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