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Surprenante histoire de bourreau






Commettez les crimes les plus grands et les plus inouïs, nous saurons vous rendre par notre vengeance,
plus criminels et plus odieux que vous .

Brantôme


Cette surprenante histoire nous a été transmise grâce à un manuscrit du XVIIIè siècle, rédigé par le Père Jean-Baptiste Richard du couvent de la Guillotière à Lyon.

Le 2 août 1720, un capitaine de vaisseau marchand, Guillaume le Paistour et son épouse Marguerite Girard annoncèrent la naissance de leur deuxième enfant, une fillette appelée Marguerite-Julienne.

Malheureusement, l'épouse mourut 9 jours après l'accouchement, après quelques temps, le père se remaria. De la jeunesse de Marguerite, on connaît peu d'éléments, les seuls faits marquants nous ont été rapportés par ses dépositions.

L’histoire commence pour nous le jour où lassée des sévices que sa belle-mère lui fit subir jusqu'à ses 20 ans, elle décida de s'emparer des vêtements de son frère aîné, François, et de s'enfuir de la maison paternelle.

C'est désormais sous le nom d'Henry qu'elle décida de poursuivre sa vie.

Elle se présenta tout d'abord chez un prêtre qui se laissa piéger et en fit son servant de messe pendant près de 5 ans. Lassée, elle décida alors de s'engager dans les troupes de France,elle y resta peu, après avoir déserté, elle partit servir dans les troupes de Marie-Thérèse d'Autriche, Reine de Hongrie et de Bohème.

Elle s'y lia d'amitié avec douze déserteurs français lesquels décidèrent tous de retourner en France, alors que ceux-ci incorporèrent de nouveaux les régiments à Strasbourg, on la refusa en raison de son apparence frêle et de sa petite taille.

Une fois de plus, elle se retrouva dans une situation misérable, mais décida de rester dans cette ville de peur d’être reconnue en se rapprochant trop de sa région.

Ne sachant à quoi s’employer et possédant pour toute fortune six liards, elle décida de s'assoir devant les portes de la ville, elle s'acheta des pommes et commença à les manger, c’est alors que son destin bascula, un noble homme s’approcha d’Henry s’informa de sa condition et le fit entrer à son service.

Ignorante des fonctions de son maître, au bout de 15 jours elle s’aperçut avec excitation qu’il était le bourreau de Strasbourg.

C’est avec goût qu’elle apprit l’emploi de son maître dont elle devint le valet, l’exécuteur lui enseigna son art, il fut surpris lui-même des aptitudes de son élève.

Au bout de quelques temps, elle apprit que dans le Languedoc on pourrait avoir besoin de ses services. Directement, elle se rendit à Montpellier, ville où l’exécuteur avait la réputation d’exercer son art avec habilité, elle lui servit de second jusqu’à ce que celui-ci lui suggère de se rendre à Lyon où il n'y avait point de bourreau.

En chemin, elle rencontra un soldat accompagné d’une fille qu’il avait débauchée à Avignon. Sous l’aspect d’Henry, elle proposa à cette demoiselle de l’accompagner et de la faire passer pour sa femme. Celle-ci accepta aussitôt et quitta le déserteur.

Dans ces conditions, Henry n’eut aucunes difficultés pour se faire attribuer l’emploi.

Par un beau jour, deux cavaliers de la maréchaussée de Lyon, escortèrent le couple dans la maison qui était destinée au bourreau, celle-ci était située auprès de l’église de la Magdelaine, aux faubourgs de la Guillotière, une nouvelle vie commença, faite d'opulence et de plaisir pour ce nouvel exécuteur des hautes œuvres qui affectionnait sa fonction. Il faut signaler qu'à cette époque le bourreau était un personnage très important, craint par les uns, méprisé ou appréciés des autres, il était connu de tous, étant donné que le spectacle de la torture servait de divertissement au peuple

Dès lors, Marguerite débuta sa fonction de bourreau avec zèle, nul n’ignorait que le nouvel exécuteur maniait la corde avec dextérité, pourtant ce nouveau bourreau était si chétif que la population n’en croyait ses yeux. Comment des mains aussi fluettes pouvaient-elles rompre, fouetter ou pendre.

Pendant 27 mois, le bourreau accomplit son œuvre, suspendant habilement les patients à la potence. Elle avoua après avoir été arrêtée, qu’elle exécutait avec plaisir les personnes de son sexe, mais avec peine celles qui ne l’étaient pas.

Pendant ce temps, la servante qui se languissait devant l'indifférence de son patron, se posa des questions et l’espionna, elle fini par découvrir la mystification. Outrée, elle dénonça Henry à Mr. Richard, Procureur d’Office de la Guillotière, qui avertit le Procureur du Roi.

Dès lors, tout se précipita, on arrêta le bourreau et on le fit incarcérer à la prison de Roanne à Lyon, Marguerite (Henri) y resta dix mois, là, elle épousa un nommé Noël Roche, ce qui lui valut sa libération.

Le couple décida alors de retourner s’établir à Cancale, ils eurent un enfant qu’ils appelèrent Marguerite Marie Jacquemine Roche. Ainsi se termine ce fait divers étrange.

Petite note historique. En France, les seules femmes bourreaux que l’on a recensées sont des bourrelles qui servaient à fouetter les femmes, flagellation qui ne fut plus publique dès 1601. Voici l’ordonnance rendue par Saint Louis en 1244 : que celui qui aura méfait ou médit sera battu par la justice du lieu tout de verges en appert, c’est à savoir, si l’homme par l’homme et la femme par seule femme sans personne d’homme .


Rédaction et recherche : Elisandre








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