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Les profanateurs de sépultures ou la petite histoire des résurrectionnistes

Les profanateurs

Le 3 février 1752 débuta le procès d’Helen Torrence et de Jean Waldie pour le meurtre d’un enfant, John Dallas, âgé de 8 ans. Ce fut le premier meurtre reconnu officiellement ayant pour but la dissection d’un cadavre. Pour deux shillings l’enfant fut enlevé à sa mère. Quatre jours plus tard, son corps fut retrouvé dans une rue d’Edimbourg, portant des traces évidentes de dissection.

Lors du procès, Helen Torrence prétendit être enceinte, ce qui s’avéra faux. Toutes deux furent pendues au Grassmarket, le 18 mars 1752. En vertu d’une loi de l’époque, chaque étudiant en médecine se devait de suivre des cours d’anatomie pratique pour obtenir leur diplôme. On comprend aisément la difficulté pour se procurer tant de cadavres humains dans cet unique but. D’un autre coté, il était strictement interdit de pratiquer la dissection. Imbroglio dramatique qui conduiront à pratiquer la violation de sépulture, et ensuite pourquoi pas, le meurtre.

William Burke et William Hare


William BurkeWilliam hare

Toujours à Edimbourg, dans le quartier des tanneurs, William Burke et William Hare marquèrent l’époque par leurs crimes odieux. La mort impromptue de Mr Donald, locataire de William Hare mit ce dernier dans une rage folle, en effet celui-ci n’avait pas payé son dernier loyer d’un montant de 4 livres. Hare en parla à son ami Burke, et tous deux décidèrent de remplacer la dépouille du malheureux, récemment placé dans son cercueil, par des débris d’écorces. Ces derniers connaissaient la soif de cadavres des médecins.



Monro

Alexander Munro tertius (5 Novembre 1773, 10 Mars 1859)


Ils apportèrent le corps au Dr Monro, mais celui-ci absent, durent sur les instructions d’un étudiant l’amener au Dr Robert Knox. En échange de 8 livres, ils repartirent avec la promesse d’apporter d’autres corps. Un étrange commerce était né le 27 novembre 1827.



Robert Knox

Robert Knox (4 Septembre 1791 – 20 Decembre 1862)


Un autre locataire de Hare, Joseph le meunier disparut et prit lui aussi le chemin du Dr Knox en échange de 10 livres. Il n’était pas bon, de loger chez les Hare, sous peine de se retrouver sur la table du Dr Knox. En effet les malheureux étaient étouffés entre deux matelas, l’un s’allongeait par-dessus le matelas tandis que l’autre pinçait la bouche et le nez de la victime, cette technique ne laissait aucune trace de violence.

Très vite, le commerce macabre prit de l’ampleur. Des doutes et soupçons apparurent quand le corps de Mary Patterson se retrouva sur la table de dissection en plein cours. En effet, sa beauté avait marqué bon nombre d’étudiant qui la reconnurent immédiatement. On fit même venir des artistes pour dessiner son corps, ce dernier fut même conservé dans de l’alcool pour servir à l’étude de la musculature.

La rumeur grondait, mais le Dr knox restait imperturbable. Un simple d’esprit, James Wilson que tout le monde connaissait sous le nom de Daft Jamie disparut lui aussi du quartier sans crier gare. Le malheureux avait été invité chez Burke et Hare et malgré sa résistance, finit lui aussi étouffé.





James Wilson


La disparition de Mme Docherty, sema le doute chez les Gray, locataires des Burke. En effet cette pauvre vieille femme avait disparu durant la nuit. C’est Mme Gray, qui en voulant ramasser un bas qu’avait égaré son enfant, qui découvrit la malheureuse entre deux matelas. La femme de Burke, offrit 10 livres par semaine, s’ils voulaient bien garder le silence. Ces derniers allèrent directement au poste de police.





Mme Docherty


Le lendemain, une perquisition fut effectuée chez le Dr knox, le corps de Mme Docherty venait d’être déposé dans la cave de ce dernier. Burke et Hare furent arrêtés, ainsi que leurs compagnes. L’immunité fut proposée à Hare, celui-ci confessa 16 meurtres. Le procès fut retentissant, les accusés bénéficièrent des meilleurs défenseurs. En effet, ce procès pouvait servir de base à un acte législatif qui mettrait fin à tous ces crimes, tout en préservant les besoins des anatomistes.

Burke fut pendu le 27 janvier 1829, et son corps eut les honneurs d’une dissection publique pratiquée par le Dr Monro.



Burke


Son squelette fut conservé, et un masque de cire de son visage est encore visible au Royal Collège d’Edimbourg. On peut y voir encore l’empreinte de la corde …





Pour la petite anecdote, une couverture de livre fut confectionnée avec la peau de Burke, un curieux objet encore visible au Collège Royal des Chirurgiens d’Edimbourg.







Quant à Hare, il finit précipité dans de la chaux vive, et finit aveugle. Son épouse connut le même sort.

Quant au Dr Knox, on voulut le lyncher et on essaya même de détruire sa demeure de Newington Palace mais il fût blanchi dans cette sombre affaire. Malgré les railleries, il continua ses recherches jusqu'à sa mort à l'âge de 71 ans.









Le Dr Knox


Bishop, William et May

Une histoire semblable eut lieu à Londres deux ans après la pendaison de Burke, trois brigands furent aussi accusés de profanations de sépultures au profit des anatomistes. Le corps d’un enfant de 14 ans, Carlo Ferrari fut apporté à King’s College en échange de 9 guinées. Prétextant un manque de monnaie, le portier Hill averti la police. L’autopsie révéla une fracture de la colonne cervicale.

Le procès des « London Bunker’s » commença le 2 décembre 1831, à Londres. Le trio avoua 3 meurtres. La violation de sépultures ne suffisait plus. 1000 cadavres avaient ainsi vendu aux anatomistes durant ces 12 dernières années. Les meurtriers furent pendus à Newgate, le 5 décembre 1831 et leurs corps disséquer.

Le 1er aout 1832, le « Warburton Anatomy Act » exigeait un permis pour pouvoir disséquer des corps. Des inspecteurs furent nommés en ce sens pour délivrer les autorisations. Les résurrectionnistes disparurent.

L’hydrocéphale de Robert Liston





Robert Liston ( 1794 - 1847 )


Professeur de clinique chirurgicale à Londres, on raconte qu’il désirait ardemment le cadavre d’un hydrocéphale qu’il savait enterrer dans le cimetière d’un petit village sur le Firth of Forth. Avec Ben Crouch, le fameux résurrectionniste, le plus habile videur de tombes, il partit pour l’endroit. A plusieurs reprises, on avait tenté de violer ce tombeau et on le surveillait étroitement. En fin d'après midi, deux individus se présentent à l’hôtel du village, et le patron leur raconte toutes les précautions prises par les villageois pour éviter l’enlèvement du cadavre tant désiré par les anatomistes.

Au bout d’une demi-heure, prétextant une promenade, ils s’en allèrent directement au cimetière et exhumèrent rapidement l’hydrocéphale avant l’arrivée des gardiens qui surveillaient le soir et la nuit. On n’aurait jamais cru qu’on put s’aviser de violer ce tombeau en plein jour. Crouch, habillé en domestique, ensacha rapidement le sujet, le plaça dans la voiture qui les avait emmenés tout deux. Ils recommandèrent avec insistance au propriétaire de continuer à surveiller le cimetière.

John Hunter et son géant



John Hunter, célèbre collectionneur connaissait un géant du nom de Charles Byrne ou O’Brien, en effet celui-ci mesurait prés de 2m30. Le géant sentant sa mort prochaine et redoutant de finir dans la collection d’Hunter, demanda à ce qu’on veille sur son corps et que ce dernier soit enfermé dans un cercueil de plomb, pour être ensuite jeté à la mer.

Moyennant 500 livres, il demanda au croque-mort et à son équipe de ne pas s’opposer à son enlèvement. Lors de la marche du cortège vers la mer, le cercueil fut rangé dans une grange choisie à l'avance par Hunter. Celui-ci substitue le cadavre et le remplaça par un poids identique. Le soir même, le corps du géant était transporté dans les rues de Londres.

Le cadavre du géant fut découpé en morceaux, puis bouilli, pour récupérer les os. On peut encore le voir au musée Hunter.





The Diary of ressurectionist





En 1896, parut à Londres, « The Diary of ressurectionist », l’auteur un certain Joseph Naples y décrit ces pratiques macabres. Après avoir quitté les résurrectionnistes, il s’adonna au trafic de dents. Avec son complice Jack Harnett, ils fréquentèrent les champs de bataille de toute l’Europe à la recherche de valeurs dont ils pouvaient dépouiller les soldats. Ils devinrent rapidement très riches.

Dans son journal, il décrit avec détails ses faits et gestes, du 28 novembre 1811 jusqu’au 5 décembre 1812. Préférant les nuits sans lune pour ses pratiques, il y décrit le désarroi de sa bande tombant sur des cadavres trop vieux ou en mauvais état.





Sir Robert Christison décrit dans ses mémoires les techniques pour arracher les cadavres à leurs tombeaux. Des femmes allaient le jour aux nouvelles dans les cimetières pour se renseigner sur les corps récemment ensevelis et y laissaient des indications pour les pratiques nocturnes de leurs maris. On creusait ensuite un trou vers la tête du cercueil, et au moyen de leviers, on soulevait le couvercle du cercueil sans bruit. On remettait ensuite la terre dans le trou avec le linceul et les habits. Le corps, quant à lui était placé dans un sac. L’opération ne prenait pas plus d’une heure.

Une autre technique consistait à soudoyer les croquemorts. Pendant la marche du cortège aux funérailles, ces derniers faisaient un arrêt à la taverne. Pendant ce temps, le corps disparaissait dans un sac de toile, qu’on récupérait à la tombée du jour.

Evidemment des « accidents » pouvaient arriver :
« Des treize cadavres que contenait le charnier, cinq ont été enlevés, mais dans leur fuite précipitée, les démolisseurs en ont laissé glisser un sur la route et, n’osant s’arrêter pour le reprendre, l’ont laissé nu et la corde au cou, sur le chemin »

Très vite, on s’organise contre ses violations par la mise en place de grilles sur les tombeaux, les « Lillie’s iron Coffins ».













Des entrepôts pour les morts furent crées ou l’on s’engageait à surveiller les défunts, le temps que la décomposition fasse son effet...

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