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Darya Saltykova

Darya Nikolayevna Saltykova, surnommée Saltychikha Saltykov (1730-1801) était une riche propriétaire russe. A ce jour, la "Saltychikha" est connue pour être une criminelle aussi sophistiquée que sadique. On pense qu'elle aurait assassiné au moins 138 de ses serfs. Daria naquit en mars 1730 au sein d’une famille noble de Moscou. Ses parents étaient apparentés aux Davydov, Musin-Pushki, Stroganoff et autres aristocrates éminents. La sinistre comtesse restera tristement célèbre sous son nom de jeune fille "Saltychikha". On sait peu de choses sur sa jeunesse, si ce n’est qu’elle était connue pour être pieuse ; fait étrange, personne ne remarqua alors qu’elle était enfant ou adolescente la moindre prédisposition au sadisme. Mariée au sortir de l’adolescence avec le Capitaine de Régiment des Gardes Gleb Saltykov Alexéiévitch, elle eut deux fils. Malheureusement, la vie conjugale de Saltykova prit fin brutalement par la mort tragique de son mari alors qu'elle n'avait que 26 ans. A cette époque, sa mère et sa grand-mère habitant un couvent, Daria devint l'unique propriétaire d'une immense fortune.

Cette riche et jeune veuve de 26 ans devint immédiatement une très puissante propriétaire terrienne, pas moins de 600 serfs se tenaient sous ses ordres dans des successions situées à Moscou, Vologda et dans la province de Kostroma. Au sein de l'Empire russe, le servage généralisé, touchait des millions de personnes. Il se généralisa dès le XVIème siècle, en 1649 il fut consacré par la loi et dut attendre le 3 mars 1861 afin que le tsar Alexandre II l’abolisse dans toute la Russie. À son avènement, en 1855, désappointé par l'humiliante défaite de la Russie dans la guerre de Crimée, le «tsar libérateur» décide de rompre avec la politique réactionnaire de son précédesseur, Nicolas 1er. L'empire russe compte à cette époque près de 50 millions de paysans, ou «moujiks», sur une population totale de 60 millions d'habitants. Tous les paysans sont des serfs. La moitié exploite les domaines de l'État, les autres survivent sur les domaines d'environ 100.000 familles nobles. Au XVIIIème siècle à l'époque des «Lumières», la Russie est à contre-courant du reste de l'Europe, les paysans russes retombent dans un servage profond ! C'est l'effet de la politique menée par les tsars «éclairés» de la dynastie des Romanov, Pierre 1er le Grand et Catherine II. Les serfs (aussi appelés « Âmes ») tels des objets ou du bétail appartenaient à leur noble, on peut comparer leur condition au statut d’esclavage qui sévissait dans d’autres parties du monde. Les nobles faisaient ce qu’ils voulaient de leurs « esclaves » qui hésitaient souvent à se plaindre en cas d’abus.

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Cette femme misanthrope se révéla peu à peu perfide et fausse (la plupart des meurtres furent perpétrés dans le village de la banlieue de Trinité, loin de la capitale). Elle se montra foncièrement cruelle. Autre indice d’une nature perverse ; elle aimait contempler la souffrance chez ses semblables. La méchanceté remplaça la rudesse, le caractère dominant de Daria s’accentua à outrance, sa sévérité s’amplifia, elle commença à afficher des flambées de violence inouïes envers ses sujets, principalement les femmes. Ce fait s'expliquerait par son amour non partagé pour un arpenteur-géomètre, le jeune et beau Nikolay Tiouttchev (grand-père du poète russe bien connu, Fyodor Tiouttchev) qui eut une liaison avec elle, mais qui plus tard épousa une autre femme. Furieuse Saltykova décida de tuer son amant infidèle et sa bien-aimée avec une bombe spécialement conçue à cet effet. Seule une lettre anonyme avertissant le malheureux amant de l'agression imminente le sauva d’une mort inévitable. Désormais, le mal s’insinua au plus profond de son âme, son esprit despotique s’enflamma et conçut les pires tourments. Pendant sept longues années, Saltychikha assassina et tortura 139 personnes, essentiellement des femmes et des jeunes filles, seuls 3 hommes auraient été tués, mais 38 crimes furent réellement prouvés. La punition pour une tache domestique négligée fut l’excuse principale invoquée par la criminelle. Palefreniers et domestiques se virent ainsi flagellés à mort pour un plancher mal lavé ou un linge souillé.

Saltychikha particulièrement cruelle envers les jeunes filles qu’elle considérait comme le fléau de l’humanité torturait les servantes de ses propres mains et sans raison particulière. Elle se complaisait à les frapper violemment à la tête à l’aide d’instrument ou de lourds bibelots trouvés sur place, elle aimait faire roussir leurs cheveux sur leur crâne ou les plonger dans l'eau bouillante. Elle se délectait en arrachant leurs oreilles à l’aide de pinces et de tenailles, crever les tympans de celles qui n’entendaient pas ses ordres l’égayait particulièrement, elle adorait également lacérer leurs jeunes corps et observer les sillons sanglants s’écouler sur le sol, mutiler les parties génitales de ses victimes lui procurait une volupté proche du plaisir sensuel. Pendant ce temps, d’autres victimes mouraient de faim ou gelaient dans le froid. Souvent elle se lassait de torturer ses proies, les valets chargés de poursuivre la tourmente pendant son absence avaient ordre de faire durer le supplice sous peine de se faire persécuter eux-mêmes. Il se murmurait à l’époque que Saltychikha poussa l’horreur jusqu’à kidnapper des enfants afin de les rôtir et de les dévorer. Les soupçons de cannibalisme, ne furent jamais prouvés.

Normalement il était presque impossible pour les serfs de critiquer leurs maîtres, pourtant plusieurs plaintes furent déposées contre la Saltychikha. Celle-ci mise au courant des actions entreprises contre elle n’eut aucune difficulté à soudoyer les fonctionnaires et à faire intervenir sa parenté influente et prestigieuse. Si bon nombre de plaintes furent ignorées, d’autres entrainèrent pour les accusateurs des sanctions très lourdes, allant jusqu’à la mort. Cependant, deux courageux paysans réussirent à transmettre une plainte à Catherine II. En avril 1762, Sakhvely Martynov et Ermolay Ilyin (ce dernier avait perdu trois de ses épouses, battues à mort sur ordre de la Saltychikha) décidèrent de fuir leur domicile, cheminant à travers la steppe, ils arrivèrent à Saint-Pétersbourg et se cachèrent. C'est au Palais d'Hiver, qu’aidés d’un homme connu pour se laisser acheter facilement, qu'ils réussirent à transmettre leurs plaintes à l’Impératrice Catherine II. Celle-ci ordonna au Collège de la Justice d'ouvrir une enquête sur les tortures et les assassinats. L’Impératrice fut consternée d’entendre les témoignages, pourtant elle se montra tout d’abord réticente à condamner ouvertement une aristocrate, après quelques réflexions et face à son désir d'être considérée comme "une mère pour le peuple russe", elle décida d'ouvrir un procès contre Slatykova. On fit arrêter la Comtesse sadique en 1762.

L’enquête menée par les autorités dura 6 longues années pendant lesquelles Slatykova fut détenue. Les interrogatoires se révélèrent difficiles ; la plupart des victimes survivantes et des témoins craignaient de témoigner. Stepan Volkov l'enquêteur principal réussit à trouver toutes les preuves afin de continuer une poursuite de l'action. La thèse de la folie ou de la maladie ne fut pas retenue. Saltykova garda pendant tout ce temps la conviction qu’elle échapperait à la condamnation, elle se défendit de montrer le moindre repentir et refusa de parler au prêtre qui tentait de la faire parler. La peine de mort étant abolie en Russie depuis 1754, l'Impératrice hésita sur la sanction, de plus, le soutien de la noblesse était plus nécessaire. Le 2 Octobre 1768, par décision du Sénat de la Cour de l’Impératrice, la Comtesse Saltykova fut condamnée à une peine de réclusion à perpétuité dans le cloître Ivanovsky à Moscou. Le cloître de Moscou était connu pour être l’endroit où l’on emprisonna de nombreuses femmes de la lignée aristocratique contre leur volonté. Ces détenues étaient incarcérées sous la surveillance des sœurs. Les familles faisaient de généreuses offrandes au monastère pour l'entretien de leur parente. Sous le couvert de la maladie mentale, les femmes y étaient détenues en secret par la Direction et le Bureau des Enquêtes secrètes car souvent elles étaient impliquées dans des affaires politiques et criminelles. Avant son incarcération au cloître, la comtesse fut exposée pour une « exécution civile ». Enchaînée sur la Place Rouge à Moscou on l’exposa sur une plate-forme, pendant une heure devant la foule avec une pancarte autour du cou sur laquelle on pouvait lire : "Cette femme a torturé et assassiné." Saltykova fut ensuite enfermée et enchaînée dans un cachot souterrain du monastère appelé la «repentance», les murs furent recouverts de bois, aucune fenêtre ne venait illuminer cette prison, l’obscurité y était totale, la lumière du jour ne passait pas dans cette cellule uniquement éclairée à la bougie pendant les repas qu’une nonne était chargée d’apporter. La Comtesse ne put recevoir aucune visite, elle ne put se déplacer, recevoir ou envoyer du courrier. Pendant les grandes fêtes religieuses, elle était placée près d’une petite fenêtre taillée dans le mur du Temple afin d’écouter les serments liturgiques. Ces conditions de détention ont duré 11 ans, en 1779 Saltykova fut transférée dans l'un des bâtiments du monastère. Cette pièce était pourvue d’une fenêtre à volets.

Un de ses contemporains décida d’observer sa conduite et de la relater dans des écrits. On retrouve alors une Comtesse complètement démente qui crachait sur les curieux, les insultait et essayait souvent de les blesser avec un bâton qu’elle faisait passer à travers la fenêtre. On ne sait par contre si sa maladie mentale fut le résultat de son isolement ou simplement son état normal aggravé par la vieillesse. Saltykova mourut dans sa cellule le 27 novembre 1801, à l'âge de 71 ans après 33 années d'incarcération. Certains documents contredisent cette date et avancent 1800 comme l’année de sa mort.

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